Rapport de l’ODAE sur le durcissement en Suisse à l’encontre des Érythréens

L’Érythrée est le principal pays de provenance des requérants d’asile en Suisse. Pendant longtemps, les requérants d’asile érythréens obtenaient l’asile ou l’admission provisoire dans près de 80% des cas. Cependant, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) a annoncé en avril le réexamen de 3’200 Erythréens  titulaires d’une admission provisoire. Cette annonce résulte de la jurisprudence du Tribunal administratif fédéral (TAF) qui réduit les cas de figure dans lesquels le statut de réfugié est reconnu et considère le renvoi vers l’Érythrée comme exigible et licite dans la plupart des situations(1). Les durcissements reposent également sur une appréciation toujours plus exigeante quant aux motifs d’asile évoqués par les requérants. Les cas dans lesquels les récits ont été jugés invraisemblables sont toujours plus nombreux, selon L’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers (ODAE romand). Depuis quelques semaines, un nombre croissant d’Erythréens se retrouvent à l’aide d’urgence avec une décision de renvoi. Les autorités suisses attendent d’elles qu’elles quittent la Suisse, qu’elles s’évanouissent dans la nature.

L’ODAE s’est donné pour mission de suivre le sort de ce groupe. L’objectif de son rapport est de fournir une analyse rigoureuse sur le plan juridique et de montrer, à partir de cas concrets, les conséquences humaines de l’application de la loi et de la jurisprudence.

La Suisse est le seul État européen à rendre de telles décisions à l’égard des ressortissants de ce pays. L’accord de paix avec l’Ethiopie signé en juillet dernier et la levée des sanctions onusiennes en novembre permettent de croire en une amélioration de la situation des droits de l’Homme mais comme le soulignent l’ODAE et plusieurs autres organisations, il est toujours difficile de trouver des informations fiables et indépendantes sur ce qui s’y passe réellement.

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Dans une vidéo récente diffusée par l’organisation  Human Rights Watch des familles de prisonniers politiques témoignent de la dureté du régime à l’égard de milliers de personnes détenues au secret, parmi lesquelles figurent 21 personnes – onze hauts représentants du gouvernement et  dix journalistes – arrêtés en 2001 après avoir critiqué le président Isaias Afewerki. Selon le neveu d’Abrehe Kidane Berhane qui témoigne dans la vidéo, en Erythrée la situation des droits humains est pire qu’avant.

Cette communauté suscite un grand nombre d’interpellations au Parlement fédéral. Actuellement les personnes déboutées sont précipitées prématurément dans la précarité de l’aide d’urgence alors que les renvois restent impossibles.  Certaines requêtes décisives sont encore pendantes devant le Comité de l’ONU contre la torture.

(1) En juillet 2018, le TAF a jugé que les renvois étaient en principe licites et exigibles y compris pour les personnes qui risquent d’être enrôlées dans le service national à leur retour (arrêt E-5022/2017). 

RAPPORT DE L’ODAE: DURCISSEMENT À L’ENCONTRE DES ÉRYTHRÉEN·NE·S : UNE COMMUNAUTÉ SOUS PRESSION

CONTACT 
Mélissa Llorens, Coordinatrice de l’ODAE romand
Tél. +41 22 310 57 30 ; +41 79 738 80 14
melissa.llorens@odae-romand.ch
www.odae-romand.ch

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