Le Consulat d’Erythrée à Genève peut continuer à taxer ses concitoyens établis en Suisse. Le Ministère public de la Confédération (MPC) a décidé de ne pas donner suite à la plainte pénale déposée par l’Office fédéral de la police contre le prélèvement de l’impôt de 2% sur les revenus des Erythréens en Suisse. Le MPC considère que cette pratique est légale puisqu’elle est menée par l’Etat érythréen.
Concrètement cela signifie que le régime totalitaire d’Isaayas Afeworki, au pouvoir depuis 1991, bénéficie indirectement du soutien financier des contribuables suisses. En effet, une partie importante des résidents érythréens en Suisse bénéficient de l’assistance sociale.
La décision du MPC est regrettable et incompréhensible compte tenu des exactions commises par le régime d’Asmara, exactions confirmées par le Rapport d’enquête sur les droits de l’Homme en Erythrée. Récemment, le Council on Foreign Relations (CFR) a publié un article éclairant sur la situation en Erythrée. Dans « Authoritarianism in Eritrea and the Migrant Crisis« , Zachary Laub estime que 5’000 Erythréens quittent le pays chaque mois, faisant de l’Erythrée une des sources principales de réfugiés dans le monde.
Avec la possibilité pour le régime d’Asmara de taxer ses citoyens à l’étranger, le régime s’enrichit ce qui permet son maintien au pouvoir. En 2011, le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé à l’Erythrée de cesser « l’extorsion et les menaces de violences qui l’accompagne » qui a permis au régime de collecter 73 millions de dollars de 2010 à 2013, selon les estimations de la commission d’enquête de l’ONU (rapport de la commission d’enquête, 8.6.2015).