La caravane des migrants au Mexique est pleine de réfugiés climatiques — Le temps des réfugiés

Photo © GUILLERMO ARIAS/AFP/GETTY IMAGES

Celles et ceux qui ont lancé la caravane des migrants depuis la petite ville meurtrière de San Pedro Sula au Honduras ont réussi à intéresser le monde entier sur leurs conditions de vies déplorables et dangereuses. Partis le 12 octobre 2018 avec l’aide de l’organisation humanitaire Pueblos sin fronteras (« Peuples sans frontières »), ils ont décidé de quitter leur pays en groupe pour mieux s’entraider durant le long parcours vers les Etats-Unis et se protéger des gangs criminels.

Source: BBC World Service

Au départ la caravane comptait 160 personnes puis elle s’est agrandie atteignant près de 7’000 personnes principalement originaires du Honduras mais aussi du Guatemala et du Salvador. La caravane a fait une pause ce dimanche à Tapanatepec dans la province de Oaxaca au sud du Mexique.

Passablement diminuée, elle compte maintenant 3 à 4000 personnes. Hier la caravane a quitté la localité de Niltepec pour rejoindre Juchitan, toujours dans l’Etat d’Oaxaca.

Selon Annie Correal du New York Times, la caravane avance très lentement et elle ne fait pas pour l’instant route vers les Etats-Unis contrairement aux informations alarmistes de l’administration Trump qui prévoit de déployer 5200 soldats à la frontière, en plus des 2100 membres de la Garde nationale déjà mobilisés. 

 

 

Une deuxième caravane de près de 2000 personnes progresse plus au Sud, vers Tapachula, dans l’Etat du Chiapas après être parvenue à traverser le fleuve Suchiate qui sépare le Guatemala du Mexique.

Le changement climatique, une des causes du mouvement migratoire

Si pour le Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés (UNHCR), les migrants fuient principalement la persécution de gangs prédateurs qui volent les terres, les maisons et les biens de milliers de familles, beaucoup d’experts insistent sur l’impact néfaste du changement climatique sur les conditions de vie en Amérique centrale. La sécheresse provoquée par El Niño a touché une grande partie de l’Amérique centrale au cours des quatre dernières années, mais elle a été ponctuée de pluies catastrophiques. Les ouragans, les inondations et les glissements de terrain se sont intensifiés et ont affecté les agriculteurs.

Le Guardian vient de publier un article éclairant à ce sujet. Certaines personnes dans la caravane ont expliqué qu’ils ne pouvaient plus rembourser leurs dettes à cause d’une mauvaise récolte due au changement climatique.

Récemment le journaliste Todd Miller, auteur du livre « Storming the Wall: Climate Change, Migration, and Homeland Security, » affirme que le changement climatique est un facteur clé obligeant les familles à fuir l’Amérique centrale et le Mexique. Autre problème, la puissance commerciale des Etats-Unis qui désavantage les producteurs agricoles de petites tailles. Miller évoque, statistiques à l’appui, les effets dévastateurs de l’Accord de libre-échange centraméricain sur les petits agriculteurs qui se sont soudainement retrouvés en concurrence directe avec l’agroalimentaire et les transporteurs de céréales fortement subventionnés des États-Unis. Selon Miller, environ 2 millions de petits agriculteurs, en particulier dans le sud du Mexique, ont été déplacés ou n’arrivent plus à joindre les deux bouts.

Par ailleurs, le manque de moyens pour contrer des épidémies qui touchent l’agriculture, est aussi une cause de migration. Les données de la douane et de la patrouille frontalière des États-Unis révèlent une augmentation de la migration de l’ouest du Honduras, où se cultive le café. Or depuis 2012, une épidémie appelée rouille des feuilles ravage les plantations en Amérique centrale. Selon certaines estimations, 70% des exploitations agricoles sont détruites. Normalement, le champignon meurt lorsque les températures chutent le soir, mais les nuits plus clémentes lui permettent de se développer.

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