En Allemagne la société civile se mobilise en faveur de l’intégration des réfugiés.

L’Allemagne innove dans les projets d’intégration des demandeurs d’asile

Impressionné par les nombreux projets d’intégration initiés à Berlin-Neukölln, le Conseil de l’Europe recommande de suivre l’exemple allemand. Le grand défi de l’Europe est l’intégration des réfugiés. En 2015 l’Allemagne a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile et depuis le début de l’année on estime les nouvelles arrivées à près de 4’000 personnes par jour. Submergées dès l’été 2015, les communes et les villes allemandes ont développé, avec l’aide de la société civile, des solutions d’intégration et de nombreux projets destinés aux nouveaux arrivants. Mais ce qui frappe en Allemagne c’est l’engagement incroyable de la société civile dans l’accueil et la formation des requérants d’asile.

Berlin a accueilli plus de 40’000 requérants d’asile en 2015

Avec une population de 3.5 millions d’habitants cette ville accueille plus de requérants que la Suisse qui compte deux fois plus d’habitants sur un territoire 46 fois supérieur à celui de Berlin.  La ville a dû s’organiser rapidement pour trouver des logements, organiser des cours de langues, ouvrir de nouvelles classes de mise à niveau pour les enfants.

Refugio, SHAREHAUSUn quartier en particulier, celui de Berlin-Neukölln attire beaucoup de nouveaux arrivants. En  Allemagne, les requérants d’asile sont répartis dans des foyers (« Heim ») après avoir déposé leur demandes d’asile dans des centres de procédure d’asile (« Dauereinrichtungzentrum ») selon une clé de répartition précise. A Berlin le quartier de Neukölln, à forte population turque et musulmane, attire beaucoup de personnes d’origine arabe même si elles ne sont pas attribuées à ce quartier (1). Un bureau de coordination pour l’accueil des réfugiés a été mis en place pour coordonner les efforts des bénévoles, start-ups et associations à buts non-lucratifs. L’agence allemande de l’emploi y a lancé le programme « Early Intervention » qui permet de sélectionner rapidement des requérants d’asile dont les compétences et la motivation facilitera l’intégration rapide en entreprise. Parallèlement, beaucoup d’initiatives privées ont vu le jour.  Celles qui facilitent le logement des requérants d’asile comme le projet Refugio,  un immeuble partagé par des résidents de Neukölln et des réfugiés et celui de la start-up Refugees Welcome, le « Airbnb » des réfugiés. Mais le projet le plus innovant et ambitieux est certainement la création de l’université Kiron pour les réfugiés. Elle a été lancée par Vincent Zimmer et Markus Kreßler en août 2014. L’université est gratuite et les formations en ligne permettent l’accès à des cours d’universités prestigieuses comme Harvard et Yale.

Neukölln est un laboratoire d’innovations en matière de projets d’intégration.

En octobre dernier le réseau Cités interculturelles du Conseil de l’Europe a convié plusieurs représentants de villes européennes pour le présenter. Deux représentants genevois s’y sont rendu. Ils ont visité des associations travaillant sur place. Ce qui frappe, si l’on compare avec le système d’accueil suisse, c’est la liberté avec laquelle les associations privées se sont lancées dans l’accueil et l’hébergement provisoire des requérants, sans contrôle des institutions politiques locales. Elles reçoivent une allocation fixe de 15 euros par personne par jour, ce qui représente une somme colossale pour certaines associations qui gèrent au quotidien 1000 personnes. Certaines associations encore soutenues par d’autres dons en nature (bénévoles, meubles, nourriture) peuvent faire des bénéfices conséquents. Avec le temps, les autorités locales en Allemagne seront certainement amenées à coordonner et vérifier la qualité de leur travaille.

En Suisse, cet aspect est encore entièrement géré par les cantons qui disposent de foyers ou de « bunkers » et les initiatives privées sont encore trop rares. A Genève en particulier, l’hébergement des requérants d’asile pose un véritable problème. Le Canton pourrait s’inspirer des projets allemands en évitant d’imposer de règles trop strictes comme celle de devoir assurer une salle de bain destinée à l’usage exclusif de la personne logée.

(1) Refugees integration policies in Berlin Neukölln, Council of Europe Report, novembre 2015.

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Je remercie Vanessa von Bismarck-Osten (Berlin) et Fabrice Roman, directeur du centre La Roseraie à Genève qui m’ont éclairé sur le sujet.

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