L’accès à l’emploi, aux études et la pratique de la détention administrative varie selon les cantons


Trois études du Pôle de recherche national sur la migration et la mobilité nccr-on the move.ch coordonnées par l’Université de Neuchâtel révèlent que l’accès à l’emploi, aux études ainsi que la pratique de la détention administrative des requérants d’asile varient selon les cantons.

Lire le communiqué de presse ici.

Marché du travail, des cantons plus ouverts que d’autres

Selon le groupe de recherche qui publie trois brochure destinées au grand public le taux d’emploi des requérants d’asile avec un statut N est passablement plus élevé dans les cantons avec un marché du travail ouvert. Il varie entre un taux d’emploi nul dans les cantons de Glaris, du Jura, de Nidwald et d’Uri à 17,5 % dans le canton des Grisons. Dans les cantons présentant moins d’obstacles réglementaires, i.e. sans interdiction de travail prolongée, sans restriction des secteurs d’emploi, où le processus d’octroi d’un permis de travail est simplifié avec aucune déduction de revenu, le taux d’emploi est bien plus élevé. L’accès facilité au marché du travail réduit la dépendance à l’aide sociale et permet une intégration rapide dans la communauté.

Accès aux universités: prendre exemple sur Genève

Les auteurs recommandent de rendre les universités suisses plus accessibles. La Suisse a besoin de main-d’œuvre hautement qualifiée. Malheureusement de nombreux réfugiés diplômés n’arrivent pas à obtenir la reconnaissance de leurs diplômes. Le financement des études est aussi problématique. Si de nombreuses initiatives bénévoles ont été lancées par des étudiants universitaires pour conseiller et accompagner les réfugiés qui désirent suivre des cours universitaires, seule l’Université de Genève reconnaît les acquis lors d’une immatriculation ultérieure. L’exemple genevois doit être suivi par d’autres cantons selon les chercheurs qui préconisent aussi la mise en place de procédures d’admission et de reconnaissance des diplômes étrangers.

La détention en vue du renvoi varie beaucoup d’un canton à l’autre

Les analyses quantitatives conduites par Christin Achermann, professeure
à Université de Neuchâtel montrent qu’une moyenne de 5’823 ordres de détention par an ont été enregistrés en Suisse de 2011 à 2017 et que 81% de toutes les détentions se concluent par l’exécution du renvoi. Les personnes détenues sont des hommes jeunes originaires d’Afrique ou des Balkans de l’Ouest dont deux tiers ont demandé l’asile en Suisse. Constatation effarante: la grande diversité de pratiques cantonale concernant la fréquence du recours à la détention, la durée moyenne de la détention, la taux de retour, la type de détention utilisé ou la profil des personnes détenues.

Ces différences montrent les limites du fédéralisme et soulève naturellement la question de l’inégalité de traitement des personnes concernées.


Les trois études sont résumées dans les Policy Briefs « en bref » suivants, téléchargeables ici :
https://nccr-onthemove.ch/knowledge-transfer/policy-briefs-en-bref/

Michaela Slotwinski et Alois Stutzer
L’accès ouvert au marché du travail augmente-t-il le taux d’emploi des requérant·e·s d’asile ?

Katrin Sontag et Tim Harder
Quels obstacles rendent les études aux personnes en fuite et en requête d’asile difficiles ?

Christin Achermann, Anne-Laure Bertrand, Jonathan Miaz et Laura Rezzonico
La détention administrative de personnes étrangères en chiffres

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