Alexandre Casella, l’expert invisible

Thierry Gassmann, CICR, HK, 1988

Thierry Gassmann, CICR, HK, 1988

Sur l’émission Ligne Directe de la RTS ce matin (1) j’ai écouté avec consternation les propos de Mr. Alexandre Casella, ancien cadre du HCR et auteur du livre « Chroniques d’un Suisse errant » (éditions Slatkine). Constamment interviewé par la RTS, il est non seulement déconnecté de la réalité du terrain aujourd’hui comme il a du l’être dans le passé. Sa petite intervention malheureuse de ce matin sur les réfugiés vietnamiens à Hong Kong le démontre clairement.

Critiquant les personnes qui demandent à ne plus être logées dans des abris de la protection civile à Genève (2), il déclare qu’il ne faut pas tomber dans l’ethnocentrisme en considérant la situation des requérants d’asile en général. Pour illustrer son propos , il prend exemple sur les camps de réfugiés vietnamiens à Hong Kong que les représentants des ONG américaines trouvaient « effarants à cause des conditions de vie car les gens y vivaient entassés les uns sur les autres ». Et bien, dit-il, « pour les vietnamiens d’habiter entassés c’était la norme et pour eux ça allait très bien ».

J’ai retrouvé ce soir dans un vieux carton, une photographie trouvée en 1995 à Bangkok dans un carton oublié de la délégation du CICR où je travaillais. Cette photo a été prise par Thierry Gassmann le 16 août 1988 au camp de réfugiés vietnamiens Sham Shui Po où 5000 personnes avaient été placée dans une usine désaffectée au centre ville.  Elle montre des personnes entassées dans des cages pour dormir. Cette manière de vivre ne ressemblait en rien à celle des vietnamiens au Vietnam, même parmi les plus pauvres. Ref Camp HK, T. Gassmann

Mr. Alexandre Casella (ancien cadre du HCR) n’est pas un expert de l’asile en Suisse. Il a fait quelques déclarations malheureusement érronées dans les médias au moment de la votation sur la nouvelle Loi sur l’asile en juin 2013. Son parcours est impressionnant, mais c’est un parcours qui date et pour donner son avis sur ce qui se passe en Suisse maintenant il faut venir voir la situation sur le terrain.  Je propose donc à Mr. Alexandre Casella de cesser ses interventions déplacées ou pour les éviter, de venir voir comment les gens vivent des mois durant dans les abris de la protection civile à Genève.

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(1) En Ligne Directe, RTS, 24 février 2015: Une motion genevoise propose de ne plus recourir aux abris PC pour un hébergement de plus de trois mois. Obliger un requérant d’asile à vivre sous terre: indigne ou inévitable? Invités: Lisa Mazzone, députée écologiste au Grand Conseil genevois; Philippe Leuba, conseiller d’Etat en charge du Département de l’économie et du sport; et Alexandre Casella, ancien directeur du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), vient de publier « Chroniques d’un Suisse errant » (Ed. Slatkine), https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/en-ligne-directe/

(2) Voir mon article http://forumasile.org/2015/02/23/loger-les-requerants-dasile-plus-de-3-mois-dans-les-abris-de-la-protection-civile-est-indigne-de-geneve/

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