A quand une protection internationale pour les réfugiés climatiques?

2924059380_276e352d6a_zLa 21e conférence mondiale sur le climat (COP21), qui s’est ouverte lundi 2 décembre à Paris a produit un projet d’accord ce samedi. Il doit être finalisé en réunion des ministres. Ce projet de 48 pages, encore rempli de termes incertains et de dispositions à revoir, doit créer les conditions permettant de limiter le réchauffement de l’atmosphère planétaire à 2°C et d’enrayer les conséquences négatives pour les pays les plus vulnérables.

Malgré le travail en amont de l’Initiative Nansen, malgré les recommandations du HCR pour  que l’Accord de Paris sur le climat (COP21) fasse une certaine place aux réfugiés climatiques, il n’en est rien. Les dispositions qui évoquent les déplacés climatiques sont restées vagues malgré les attentes. Si la question a été évoquée dans plusieurs réunions, les diplomates considèrent qu’elle n’est pas formellement du ressort de la COP21.

Pour beaucoup, la conférence doit se concentrer sur l’essentiel : réussir à maîtriser le changement climatique et mettre en place des stratégies d’adaptation (1), justement pour éviter les déplacements de population.  Ils estiment que cette question devrait plutôt être revue dans le cadre d’un Protocol additionnel modifiant la portée du Protocole relatif au statut des réfugiés (1966).

Mais la question est très complexe car comment définir un réfugié climatique. A quelles conditions peut-il rentrer dans cette catégorie? Il est en effet difficile de séparer le facteur climat (des autres facteurs de migration) et il est tout aussi difficile de reconnaître une responsabilité politique des Etats lors d’une catastrophe environnementale(3).

Les conditions pour un tel changement ne sont pas optimales dans le contexte de la crise migratoire actuelle mais à moyen et long terme la reconnaissance internationale d’un statut de protection pour les réfugiés climatiques devrait contribuer à accroître le degrés de responsabilisation des gouvernements dans la protection de l’environnement.

Des millions de réfugiés climatiques

Pour l’instant, les déplacements climatiques restent majoritairement internes aux pays concernés mais beaucoup de spécialistes craignent un éclatement des frontières. Selon l’ONU, il y aura 250 millions réfugiés climatiques en 2050. En 2014,  19,3 millions de personnes dans le monde ont dû quitter leur domicile à cause de dérèglements climatiques. De 2011 à 2014, 83,65 millions de personnes ont été chassée de leurs terres et ont souffert d’inondations (55%), de tempêtes (29%) et de séismes (14%), les principales causes de déplacements liés à l’environnement.

En 2014 par example, le typhon Rammasum a ainsi déplacé 628.000 personnes en Chine et 2,99 millions aux Philippines à lui tout seul. L’Asie a représenté 87% du total des réfugiés climatiques en 2014, suivi des Amériques (10%) et de l’Afrique (9%).

Avec les années, l’Europe est aussi de plus en plus touchée. En 2014, 190.000 personnes ont été déplacées à cause des inondations dans les Balkans (2). D’ici la fin du siècle, un néerlandais sur deux risque de subir l’impact de la montée des eaux, tout comme l’intégralité de la ville de Venise, selon une étude de l’organisation Climate Central, citée par le New York Times.

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(1) Le concept d’adaptation  est défini par le Troisième Rapport d’évaluation du GIEC comme « l’ajustement des systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques ou à leurs effets, afin d’atténuer les effets néfastes ou d’exploiter des opportunités bénéfiques. »

(2) Internal Displacement Monitoring Center

(3) Eleonora Guadagno, docteure en géographie sociale et politique.

Autres sources

The Japan Times, 6.12.2015, Legal Limbo Awaits Millions Future Climate Refugees, AP

ARTE, documentaire, La COP21 et la question des réfugiés climatiques

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