Le Conseil national a voté la création de centres spéciaux ou l’ODM peut héberger les requérants qui menacent la sécurité et l’ordre publics ou qui, par leur comportement, portent sensiblement atteinte au fonctionnement des centres d’enregistrement et de procédure, dans des centres spécifiques créés et gérés par l’ODM ou par les autorités cantonales. Cette disposition s’applique par analogie aux requérants attribués à un canton. La Confédération et les cantons participent aux coûts de ces centres proportionnellement à l’utilisation qu’ils en font (nouvel art.26 al. 1a LAsi).

De loin, cette disposition ne semble pas trop restrictive. Mais en vérité elle sera bien difficile à appliquer. Qui décidera de celui qui est perturbateur, qui est responsable de la bagarre, qui sera témoin de l’incident. Si l’application pratique pose un vrai problème, lorsqu’on écoute parler les politiciens en faveur de cette disposition, on a le sentiment que dans les foyers et les centres d’enregistrements et de procédure, il n’y a que des bagarres et des incivilités. Ce n’est pas la réalité et je pense qu’aucun député n’y a mis les pieds sauf en visite officielle.

Dans l’émission Infrarouge (RTS) du 12 juin 2012, la question des demandeurs d’asile tunisiens trop nombreux, peu disciplinés et qui depuis le début ne sont que des « migrants économiques » qui ne méritent pas l’asile, est venue souvent dans le débat. Esther Mamarbachi a montré une statistique de l’ODM, celle des 2’574 demandes d’asile provenant de ressortissants tunisiens qui n’ont rien à faire dans la procédure d’asile.

Ce chiffre s’est baladé dans les médias, il reste gravé dans les esprits et c’est bien malheureux car ceux qui le cite à tord et à travers sont heureux d’eux-mêmes mais ils sont mal informés. L’ODM précise dans son commentaire statistique annuel de 2011 que:

Sur les 2’574 demandes faites par des ressortissants tunisiens en 2011, une grande majorité ont déjà été transféré dans un Etat Dublin soit: 2’029 requérants dont la demande n’a jamais été examinée en Suisse et dont on ne peut savoir si elle est sans fondement (motifs) comme l’ODM l’a prétendu haut et fort. Leurs demandes d’asile seront examinées dans un autre Etat membre de l’Espace Dublin. En réalité beaucoup de ces personnes viennent d’Italie ou l’accueil des requérants d’asile est lamentable et inhumain. Au premier trimestre 2012, ce sont 777 demandeurs tunisiens qui ont fait leur demande en Suisse et l’on sait qu’une grande proportion d’entre eux seront transférés vers un Etat Dublin.

Ainsi le PLR s’est démené avec l’UDC et le PDC pour obtenir cette nouvelle disposition de la Loi sur l’asile qui ne concerne semble-t-il que 10% de requérants tunisiens qui restent en 2011, soit une cinquantaine de coucous dont les infractions ne sont pas très claires non plus.

Quelle énergie et quelle rage pour donner l’impression qu’on est un élu qui prend des mesures pour défendre son électorat.Mais l’électorat avant tout ne veut pas de mensonge, ni de haine superflue.

Si Infrarouge ce soir là avait cité les vrais chiffres, la mayonnaise ne serait pas montée et l’audience aurait été faible.

La Suisse il faut le dire profite énormément de DUBLIN en 2011, 3’621 requérants ont pu être transférés dans un autre pays DUBLIN pour que leurs demandes d’asile soient examinées, mais la Suisse n’a accepté de reprendre que 482 requérants d’asile.

En somme la xénophobie se nourrit des quelques chiffres erronés et mal analysés qui vont dans son sens. Elle reste superficielle dans son analyse et n’apporte aucune solution concrète.

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Pour une vérification des statistiques ODM 2011, le site de l’ODM est à votre disposition.